Telle que nous la connaissons aujourd’hui, l’oasis historique de Gafsa est la résultante d’une très longue histoire à laquelle ont contribué des générations et des générations d’agriculteurs aux origines très diverses et venues dans le sillage des multiples conquêtes et invasions qui ont ponctué l’histoire de cette oasis. Ces populations ont apporté avec elles leur savoir-faire agricole, notamment les techniques culturales, les assolements les plus diversifiés et surtout la gestion de l’eau.
La biodiversité oasienne.
Dans son état actuel, l’oasis historique de Gafsa se trouve à la croisée des chemins. De par ses caractéristiques physiques, fruits de la conjonction de facteurs naturels autant qu’humains, elle se distingue par une biodiversité remarquable qui se traduit dans son périmètre par une grande variété d’espèces végétales et animales dont certaines sont propres à ce milieu.
Sur le plan végétal, ce patrimoine agricole comprend de nombreux cultivars endémiques. Citons parmi ceux-ci environ 8 variétés de palmiers dattiers, 5 variétés de figuiers, 5 variétés de grenadiers, 5 variété d’oliviers de table, plusieurs variétés de pommiers, d’abricotiers, d’amandiers, de pistachiers, etc. Ils produisent par ordre d’importance : l’olivier à huile 44%, le grenadier 20%, le palmier dattier 9%, le figuier 8% et l’abricotier 8% de la production agricole totale de la région.
L’ingéniosité des oasiens dans le domaine hydraulique.
Au cours des siècles, les agriculteurs oasiens de Gafsa sont parvenus à mettre au point un système original et efficient de partage de l’eau disponible provenant des ressources naturelles. Ils ont ainsi su concevoir différents tours d’eau en fonction de l’éloignement des exploitations agricoles des sources de manière à favoriser les plus proches d’entre elles par un tour d’eau de 4 à 7 jours permettant la pratique de maraîchages et de fourrages en plus des spéculations arboricoles. Plus on s’éloigne des sources d’eau, plus le tour s’allonge pour atteindre 14 jours et même un mois pour les parcelles les plus éloignées.
La fertilisation des sols (compostage traditionnel).
La bonification du sol était assurée par la valorisation de tous les déchets organiques possibles (fumier des animaux et fumier provenant des fosses des sanitaires) qui étaient dépourvus de polluants.
Les outils de travail appropriés aux oasis.
Les oasiens ont développé plusieurs outils de travail adaptés aux travaux dans l’oasis (mes’ha, m’hacha, menjel, mangcha, hajamya….) dont ils ne se séparent jamais pour cause de fréquents travaux de désherbage et de binage, confection et réfection des planches, cuvettes et rigoles, récolte, transport et épandage du fumier, nettoyage des palmiers et taille des arbres…
Gestion économe des ressources et valorisation des produits et des sous produits de l’oasis.
Les oasiens sont prévoyants et économes. Pour cela, la simplicité de la nourriture et la conservation des produits alimentaires s’imposent ainsi que la diversification des activités (artisanat et commerce avec l’extérieur) pour un apport financier d’appoint, notamment entre les récoltes. Tous les sous-produits de l’oasis et surtout du palmier sont ainsi valorisés. Rien ne se perd.
L’agriculteur de Gafsa a pris l’habitude d’utiliser tous les matériaux qui lui procure l’oasis pour construire sa maison et la meubler. A partir du palmier, on utilise le bois pour la toiture et les portes des maisons et pour construire des ponts ; les folioless de palme servent à fabriquer des articles de vanneries et les touffes fibreuses (lîf) pour confectionner des cordes. De plus, plusieurs sous-produits sont utilisés pour le chauffage et la cuisson.
L’intégration oasis-ville.
La ville de Gafsa doit sa réputation, depuis les temps les plus reculés, à son oasis qui a largement contribué à sa prospérité et à son essor à travers les âges et qui a représenté, pour ses habitants, une source de fierté et de gloire. Cette oasis était irriguée par de nombreuses sources naturelles d’eau douce et pure jaillissant principalement du cœur de la médina.